"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux." On ne badine pas avec l'amour - Musset

Publié dans : Théâtre

le 1/11/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/ionesco.jpg La Cantatrice Chauve
Eugène Ionesco
1950

Challenge ABC : 6/26


Résumé
M et Mme Smith ont invité à dîner M et Mme Martin. Le pompier puis la bonne s'invitent à leur tour, le tout donnant une petite perle de littérature.

Avis
J'avais entendu cette pièce qualifiée de théâtre de l'absurde, je ne savais donc pas trop à quoi m'attendre, ce que "théâtre de l'absurde" signifiait. Et en fait, j'ai trouvé cette pièce géniale (surement encore mieux à voir en représentation d'ailleurs). Il y a dedans un humour qui colle pile poil avec le mien. Là certains se disent : "Humour ... ?". En fait, c'est complètement absurde du début à la fin, d'ailleurs à la fin, il est indiqué que la pièce doit recommencer comme au tout début. Il y a toujours un décalage, différent dans chaque scène. Par exemple lorsque Mme Smith parle pour ne rien dire tandis que M. Smith continue de lire son journal en faisant claquer sa langue, ou bien lorsque les époux Martin ne se reconnaissent pas et se trouvent de singulières coïncidences ("Cher monsieur il semblerait que l'on partage le même lit"). Même l'horloge qui rythme la pièce la rythme à sa façon : irrégulière, imprévisible et incohérente, comme tout le reste. Bref, je me suis bien marrée. Le titre est trompeur, il n'y a aucune cantatrice chauve, seulement un tout petit passage dans la pièce qui nous éclaire sur le choix de ce titre : absurde comme le reste. Aucun des personnages ne semble lucide, prendre du recul, on dirait qu'ils vivent dans un monde parallèle complètement incohérent. A la fin, ils enchaînent les proverbes sans aucun liens entres eux. Pour la petite histoire, Ionesco voulait apprendre l'anglais et s'est étonné des méthodes d'apprentissage, à savoir des phrases sans cohérence (un peu le genre "Where is Bryan ?"). Il n'y a aucune morale à en tirer, aucune psychologie à dégager, c'est autrement dit une "anti-pièce". Et ça me donne bien envie de lire une autre pièce de l'auteur.

En résumé : J'ai adoré cette pièce, ce côté absurde qui revient toujours de différentes façons.


Extraits
* "Et la tante de Bobby Watson, la vieille Bobby Watson pourrait très bien, à son tour, se charger de l'éducation de Bobby Watson, la fille de Bobby Watson. Comme ça, la maman de Bobby Watson, Bobby, pourrait se remarier."

* "Je te donnerai les pantoufles de ma belle-mère si tu me donnes le cercueil de ton mari."

* "Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux !"

* "-A propos, et la cantatrice chauve ?
- Elle se coiffe toujours de la même façon !"

Publié dans : Théâtre

le 30/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/venise.jpgLe Marchand de Venise
William Shakespeare
1597

Challenge ABC : 5/26

Résumé
Amoureux de Portia, belle et riche héritière, Bassanio, gentilhomme désargenté, s'efforce d'obtenir sa main. Pour l'aider, son ami Antonio marchand chrétien, emprunte une somme de 3000 ducats à l'usurier juif Shylock qui lui demande, en cas de non remboursement de la dette, une livre de sa chair.

Avis
Dans l'ensemble j'ai bien aimé, l'histoire est bien construite, le cadre de Venise est sympa, et y'a plein de personnages différents. Je n'ai pas très bien compris un point : je ne sais pas si ce texte est à considérer comme un réquisitoire du judaïsme, ou bien justement le contraire, ou encore ni l'un ni l'autre. J'aurai bien aimé pouvoir mieux cerner le personnage de Shylock. C'est dommage qu'il ne soit pas plus présent, il m'est apparu bien plus intéressant que tous les autres personnages.

En résumé : Une pièce agréable à lire, je reste cependant déçue quant au personnage de Shylock. C'est le personnage qui m'a le plus intéressée mais il est assez peu présent.


Citations
* "Il m'a humilié ; il m'a fait tort d'un demi-million ; il a ri de mes pertes ; il s'est moqué de mon gain ; il a insulté ma nation ; il a fait manquer mes marchés ; il a refroidi mes amis, échauffé mes ennemis, et pour quelle raison ? Parce que je suis un Juif.

Un Juif n'a-t-il pas des yeux ? un Juif n'a-t-il pas des mains, des organes, des proportions, des sens, des affections, des passions ? ne se nourrit-il pas des mêmes aliments ? n'est-il pas blessé des mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes remèdes, réchauffé par le même été et glacé par le même hiver qu'un chrétien ? si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ? et si vous nous outragez, ne nous vengerons-nous pas ? si nous sommes semblables à vous dans tout le reste, nous vous ressemblerons aussi en ce point. Si un Juif outrage un chrétien, quelle est la modération de celui-ci ? La vengeance. Si un chrétien outrage un Juif, comment doit-il le supporter, d'après l'exemple du chrétien ? En se vengeant. Je mettrai en pratique les scélératesses que vous m'apprenez ; et il y aura malheur si je ne surpasse pas mes maîtres."

* "Je crois, d'honneur, que bientôt le rôle qui siéra le mieux à l'esprit sera le silence, et que la parole ne sera plus qu'aux perroquets."

* "BASSANIO.-Tous les hommes cherchent-ils à tuer ce qu'ils n'aiment pas ?
SHYLOCK.-Un homme hait-il ce qu'il n'a pas envie de tuer ?
BASSANIO.-Toute offense n'engendre pas d'abord la haine.
SHYLOCK.-Comment ! voudrais-tu qu'un serpent te piquât deux fois ?"

* "L'homme qui n'a en lui-même aucune musique, et qui n'est pas ému par le doux accord des sons, est propre aux trahisons, aux perfidies, aux rapines ; les mouvements de son âme sont mornes comme la nuit, et ses penchants ténébreux comme l'Érèbe ; ne vous fiez point à un tel homme.-Écoutons la musique."

Publié dans : Romans XX°

le 18/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/laviedevantsoiromaingary080810111615.jpg La vie devant soi
Romain Gary (Emile Ajar)
1975

"Ils ont dit : Tu es devenu fou à cause de celui que tu aimes.
J'ai dit : La saveur de la vie n'est que pour les fous. "

Challenge ABC : 4/26

Quatrième de couverture
Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Histoire d'amour d'un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive : Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que "ça ne pardonne pas" et parce qu'il n'est "pas nécessaire d'avoir des raisons pour avoir peur". Le petit garçon l'aidera à se cacher dans son "trou juif", elle n'ira pas mourir à l'hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré "des peuples à disposer d'eux-mêmes" qui n'est pas respecté par l'Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu'à ce qu'elle meure et même au delà de la mort.

Avis
Le mieux serait que je ne vous donne pas mon avis. On est trop influencé par l'opinion des autres, mieux vaut juger par soi même. Si je vous dis que ce livre est bouleversant, vous vous attendrez à quelque chose d'énorme, alors que si je ne vous dis rien, vous ressentirez vous-même ce que j'ai ressenti. Donc si vous voulez vraiment apprécier ce livre, ne lisez pas la suite de cet article.
Voilà mon avis : on m'avait parlé de ce livre comme quelque chose à part, de vraiment spécial. Tout le long de ma lecture, je trouvais ça plutôt bien, original du point de vue de l'écriture où c'est un garçon de 10 ans qui s'exprime. Mais il n'y avait pas encore ce petit plus que je trouve dans peu de livres, ce petit plus qui fait que cette lecture va au dela du "j'ai bien aimé". Et ce petit plus est arrivé à la fin. La fin m'a touchée, il y a quelque chose de fort en dessous, quelque chose de pur et beau. Et là je peux rejoindre l'avis qu'on m'avait donné au début que j'illustrerai par cette citation :
"Il y a des beautés qui sautent aux yeux et d'autres qui sont écrites en hiéroglyphes : on met du temps à déchiffrer leur splendeur mais quand elle est apparue, elle est plus belle que la beauté." Journal d'hirondelle - A. Nothomb.

En résumé : Une des rares lectures qui m'a vraiment touchée, surtout à la fin. Ce livre est superbe.


Extraits
* "Moi je vous dis que ce salaud-là n'était pas de ce monde, il avait déjà quatre ans et il était encore content."

* "Moi je crois que les Juifs sont des gens comme les autres mais il ne faut pas leur en vouloir."

* "Quand elle marchait, c'était un déménagement."

* "Il n'y a rien de plus contagieux que la psychologie."

* "L'escalier avec ses six étages était devenu pour elle l'ennemi public numéro 1."

* "Il m'a expliqué en souriant que rien n'est blanc ou noir et que le blanc, c'est souvent le noir qui se cache et le noir c'est parfois le blanc qui s'est fait avoir."

* "Monsieur Hamil dit que l'humanité n'est qu'une virgule dans le grand Livre de la vie et quand un vieil homme dit une connerie pareille, je ne vois pas ce que je peux y ajouter."

* "Quand on est môme, pour être quelqu'un il faut être plusieurs."

* "Je me suis assis dans l'escalier et j'ai pleuré comme un veau. Les veaux ne pleurent jamais mais c'est l'expression qui veut ça.

* "la tribu des éboueurs"

* "Ils vont me faire vivre de force, Momo."

* "La vie, c'est pas un truc pour tout le monde."

Publié dans : Théâtre

le 11/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/musset.jpgLes caprices de Marianne
Alfred de Musset
1833
 
Challenge ABC : 3/26

Résumé
Coelio aime Marianne mais n'ose lui avouer ses sentiments. Il demande de l'aide à son ami Octave pour conquérir le coeur de Marianne. Peu à peu celle-ci tombe amoureuse d'Octave. Entre temps, son mari la soupçonne d'adultère et envoie des gardes pour tuer son amant...

Avis
Pièce courte et histoire assez banale avec un triangle amoureux. Elle a remonté dans mon estime grâce à la dernière phrase dite par Octave. Je l'avais dit dans un autre article, mais j'adore quand les livres se terminent par une phrase marquante, qui donne le dernier coup à l'histoire, ou qui offre une autre perspective de lecture. On a ici un Musset toujours en finesse et des répliques sur l'amour toujours aussi délicieuses, mais c'est pas cette pièce de l'auteur que je conseillerais, j'ai largement préféré On ne badine pas avec l'amour par exemple.

En résumé : Sans plus...

Publié dans : Romans XX°

le 5/10/09

http://milkymoon.cowblog.fr/images/Livres/kafka.gifLe Procès
(Der Prozeß)
Franz Kafka
1925

Challenge ABC : 2/26

Quatrième de couverture
On raconte que c'est grâce aux éditions clandestines du samizdat - et donc, sans nom d'auteur - que fut introduite en Union soviétique la traduction du Procès. Les lecteurs pensèrent, dit-on, qu'il s'agissait de l'oeuvre de quelque dissident, car ils découvraient, dès le premier chapitre, une scène familière : l'arrestation au petit matin, sans que l'inculpé se sût coupable d'aucun crime, les policiers sanglés dans leur uniforme; l'acceptation immédiate d'un destin apparemment absurde, etc. Kafka ne pouvait espérer une plus belle consécration posthume. Et pourtant, les lecteurs se trompaient. Le projet de Kafka n'était pas de dénoncer un pouvoir tyrannique ni de condamner une justice mal faite. Le procès intenté à Joseph K., qui ne connait pas ses juges, ne relève d'aucun ordre et ne pouvait s'achever ni sur un acquittement ni sur une damnation, puisque Joseh K. n'était coupable que d'exister.

Avis
Lecture longue, car il se passe peu de choses. On ne sait pas bien à quoi va aboutir tout ce qu'entreprend Joseph K., au début on pense que ce n'est qu'une blague qui sera réglée rapidement, et il ne fait que subir son procès. Mais au fur et à mesure que le livre avance, on se demande comment il va sortir de ce pétrin, il essaye de prendre en main le dénouement de son accusation. Mais comment réussir, quand on ne sait même pas le motif de notre crime ? On ressent aussi l'impasse dans laquelle Joseph K. se trouve, il semble définitivement impossible de réussir à gagner son procès. Son destin est dans les mains de personnages qu'on ne verra jamais. Bien aimé la fin, comme le dit le résumé ; le procès ne pouvait s'achever ni sur une condamnation ni sur un acquittement ...
 
En résumé :  J'admire Kafka qui réussi à écrire un livre entier sur un procès qui ne comporte aucune accusation.


Extrait
"Comme un chien !" dit-il, c'était comme si la honte dût lui suivre.

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